À travers la parabole de l'arbre au bord des eaux, dans le passage de Jérémie, aujourd'hui,
ou celle du pauvre Lazare et du riche indifférent, que Jésus raconte aux Pharisiens,
c'est notre attitude par rapport à la Parole de Dieu qui est interrogée aujourd'hui.
Est-ce que nous nous contentons d'écouter la Parole, de la trouver belle,
de l'admirer même, sans changer un iota de notre vie ?
Ou bien, essayons-nous, avec la grâce de Dieu et l'aide de l'Esprit de Jésus,
de la laisser creuser son chemin en nous,
pour qu'elle porte du fruit par les actes que nous posons, dans notre quotidien ?
Est-ce que nous laissons notre "cœur bon et généreux" être travaillé par cette Parole,
et, chaque jour, à travers mille et un petits (ou grands) actes d'amour, lui laisser porter du fruit ?
C'est une invitation qu'Isaïe nous lance, aujourd'hui ;
une invitation à la vérité sur nous-mêmes ;
une invitation à cesser de faire le mal ;
une invitation à nous mettre en "apprentissage" du bien.
Comme un jeune entre en apprentissage d'un métier,
découvrant petit à petit, grâce à son patron, les gestes adéquats,
le Seigneur nous invite à un "apprentissage" auprès de lui.
C'est en le regardant agir auprès des petits, des enfants, des malades, des apôtres, etc...
qu'il nous apprend les attitudes qui sont les "armes du bien"....

Notre Seigneur Jésus est clair et net : son chemin est un chemin de miséricorde et de non jugement.
Il n'y a pas d'autres "voies" pour nous, si nous voulons être ses disciples,
que d'entrer dans ces chemins-là. C'est le chemin que prends Jésus vis-à-vis de chacun d'entre nous :
nous ne sommes pas jugés : nous sommes regardés avec amour
par un Dieu qui n'est que miséricorde.
C'est le chemin que nous avons à prendre, courageusement, vis-à-vis de chacun et de tous :
regarder l'autre avec miséricorde, sans juger.
Essayons d'entrer dans cette attitude au cours de cette nouvelle semaine qui s'ouvre...
En ce deuxième dimanche de Carême, Jésus nous donne l'horizon, nous montre le but du chemin :
c'est la lumière de la Résurrection qui, déjà, se profile, à travers l'épisode de la Transfiguration.
N'oublions pas que le chemin du Carême est une longue montée vers Pâques !
Le Père nous donne son Fils pour marcher avec lui et à sa suite.
Ne cessons pas d'écouter Jésus : il nous apprendra à devenir aussi des "fils bien-aimés"
. Ne lâchons pas la main de Jésus : il nous apprendra à traverser les eaux de la mort pour naître à la vie éternelle.
Ne trouvez-vous pas que Jésus insiste encore et encore sur ce chemin de fraternité universelle, au cours de ce Carême ? S'il insiste tant, c'est que l'amour fraternel est le critère ultime de notre appartenance au Christ.
Si nous sommes les disciples de Jésus, si nous voulons suivre son chemin de vie,
nous ne pouvons qu'élargir notre cœur aux dimensions immenses du monde
et nous ne pouvons laisser personne sur le chemin de notre cœur...
Tout homme, toute femme, quel qu'il soit, quoi qu'il ait fait, est un fils, une fille du Père
et donc un frère, une sœur pour nous.
Et cela nous entraîne loin !
Cela nous entraîne à regarder les autres non plus en termes de "sympathie" ou d'"antipathie",
mais en termes de "frère", de "sœur"...
En ces temps de campagne électorale ou de guerre en Ukraine ou ailleurs,
comment je regarde et j'accueille les protagonistes ? (ce qui ne veut pas dire approuver des actes)
Notre chemin de Carême, passe toujours par un chemin fraternel :
c'est ainsi qu'on vérifie si l'on est bien disciple de Jésus.
Et, aujourd'hui, Jésus nous pousse à aller plus loin dans cet amour fraternel :
regarder, aller vers le frère, la sœur qui "a quelque chose contre moi",
tenter une démarche de réconciliation, un dialogue,
une relation, avant toute autre démarche de prière.
C'est dire combien sont liées notre relation à Dieu et notre relation aux frères et sœurs...
Demander les "bonnes choses", cela ne se fait pas d'un seul coup...
L'évangéliste Matthieu nous invite peut-être, à travers ce passage, à accepter que nos prières,
et notamment nos prières de demande, ne soient pas toujours "ajustées" à Dieu,
car les pensées de Dieu et les pensées de l'homme sont bien différentes.
Tout le "travail" de la prière est de se laisser, peu à peu, transformer,
de laisser le Seigneur transformer notre regard,
d'apprendre peu à peu quelles sont ces "bonnes choses" qu'il désire nous donner,
ce qui exige une persévérance dans la prière....
Aujourd'hui, je me mets sous le regard du Père,
je me glisse dans la prière de Jésus et je frappe sans relâche à la porte du cœur du Père...
Chemin de vie, chemin de conversion, chemin de retour vers Dieu qui est miséricorde.
Le psaume 50 qui nous est donné aujourd'hui, exprime avec beaucoup de force
cette confiance de l'homme en la miséricorde de son Dieu.
Oui, sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur chacun de ses enfants.
Sa miséricorde jette nos péchés dans la fournaise ardente de son amour.
Sa miséricorde nous permet de "renouveler et raffermir notre esprit"
pour qu'il soit tourné vers Lui et vers nos frères.
Bénissons aujourd'hui le Père des miséricordes et confions-lui notre misère, la misère de nos frères, la misère du monde.
Une prière qui est une relation d'amour avec un Dieu qui est Père...
Une prière qui est la prière même de Jésus à son Père et dans laquelle nous entrons,
petit à petit, pour la faire de plus en plus "nôtre"...
une prière qui commence par un "nous", c'est-à-dire une prière de frères et sœurs...
une prière qui se centre d'abord sur le Père..
une prière "donnée" à nous par Jésus...
Prions-la, aujourd'hui, avec cœur, avec joie, avec amour et espérance