
Deux prières, deux manières de se situer face à Dieu...
Et moi ? Dans ma prière, suis-je dans la vérité de mon être, face au Dieu de Jésus Christ,
qui est Père et qui est Miséricorde ?
Est-ce que "j'utilise" Dieu comme un miroir de mes "bonnes actions",
en oubliant que toute "bonne action" vient de lui ?
Est-ce que je me mets à nu devant le Père, comme un enfant confiant,
et conscient d'être "petit, fragile et faillible "?
Il est temps de me mettre en vérité devant mon Père qui est Miséricorde et qui est Lumière.
Aujourd'hui, en cette solennité de l'Annonciation du Seigneur,
nous célébrons deux "OUI", deux "Amen".
D'abord, celui du Fils de Dieu qui accepte de se faire homme pour sauver le monde du péché et de la mort.
C'est lui, le Fils de Dieu, dont parle le psaume 39 et qui dit au Père :
"Voici, je viens" ; je viens pour être homme parmi les hommes ;
je viens pour "épouser" l'humanité et te donner des fils et des filles ;
je viens pour donner ma vie à toi, Père et à mes frères les hommes.
Le second "Oui", c'est celui de Marie qui accueille favorablement le dessein de Dieu sur elle,
qui accepte de devenir la mère du Messie.
Ces deux "oui" nous interpellent et nous incitent à faire retour sur notre vie.
Quelle est ma capacité d'accueil aux chemins de Dieu ?
Quels sont les "oui" qu'il me demande ?
On sent, à travers ces mots de Jérémie,
la "douleur" de Dieu voyant ses enfants s'éloigner du chemin de Vie qu'il leur a ouvert.
Il y a comme une "passion" du Père vis-à-vis de ses fils et de ses filles
qui "suivent les mauvais penchants de leur cœur endurci" ;
c'est une passion et non une colère, c'est-à-dire la douleur d'un amour immense
qui voudrait tant nous voir suivre les chemins de vie, d'amour, de don de soi, de décentrement de soi,
les chemins que Jésus a pris lui-même !
Laissons-nous toucher par ce cri d'amour du Père envers nous et qui ne cesse de nous attendre !

Qu'est-ce que "l'école du carême" ?
C'est l'école des trois piliers : le jeûne, la prière et le partage
dont les textes du Mercredi des Cendres nous ont parlé, à l'ouverture du Carême.
Vivre la sobriété pour pouvoir partager avec des plus pauvres,
prendre davantage de temps pour la relation à Dieu,
se remettre en vérité face à Dieu, face aux autres, face à soi-même,
c'est tout un chemin que nous proposent ces quarante jours de Carême,
pour pouvoir vivre "avec Jésus Christ" le grand moment de sa passion, du don de sa vie et de sa résurrection.
La Parole de Dieu qui nous est offerte chaque jour nous interroge,
nous interpelle, nous invite à être au "service de Dieu" dans la prière, le partage, le jeûne.
Tous les textes d'aujourd'hui nous parlent de la miséricorde du Père
vis-à-vis des hommes et des femmes pécheurs que nous sommes.
Il faut le redire et le répéter à notre cœur : Le Dieu de Jésus Christ est le Dieu des miséricordes ;
il ne veut que notre bonheur ; il attend sans cesse nos retours et nous ouvre les bras.
Le "sacrifice" ne l'intéresse pas, c'est l'amour qu'il désire.
Il nous demande "simplement", pauvrement d'être, à notre tour, "miséricordieux"
envers ceux qui nous approchent ou ceux que nous approchons.
Reconnaissons que nous sommes pauvres, fragiles, pécheurs,
et jetons-nous dans les bras de la Miséricorde du Père. Il nous ouvrira ses trésors de grâce.
Le psaume d'aujourd'hui nous invite à "désirer" le Seigneur,
comme on désire une eau vive lorsqu'on est assoiffé, comme on désire la venue d'un ami très cher,
comme on désire la lumière lorsque la nuit est trop obscure.
Car oui, le Seigneur est cette Eau Vive qui rassasie notre vie ;
il est cet Ami très cher qui ne cesse de venir à nos côtés ; il est cette Lumière dans l'obscurité de nos jours. Implorons-le, comme le psalmiste ; prions-le de répondre à nos désirs, si fragiles soient-ils.
L'épisode de Naaman, le Syrien, qui nous est raconté aujourd'hui, dans le deuxième livre des Rois,
nous rappelle le "baptême" dans lequel nous avons été plongés.
Naaman s'est baigné sept fois dans le Jourdain ; nous, c'est dans la mort et la résurrection de Jésus
que nous avons été plongés, que nous sommes toujours plongés,
pour que, à notre tour, nous soyons ressuscités avec le Christ.
Nous pourrions aujourd'hui rendre grâce pour ces adolescents et ces adultes
qui se préparent au baptême pour la Vigile pascale ou le jour de Pâque.
Prions pour eux, pour les communautés paroissiales qui les accueillent et pour leurs accompagnateurs.
Tous les jours, nous nous heurtons aux mêmes questions que celles posées à Jésus :
la guerre en Ukraine et bien partout ailleurs (Yemen, Soudan, Mali, etc...),
la pandémie et son cortège de millions de morts, les accidents, les maladies, la souffrance,
le mal innocent, les catastrophes naturelles, la torture,
les multiples esclavages dont sont victimes enfants, femmes, hommes, etc.
La liste est immense de ces personnes qui ne sont pas "plus coupables que vous et moi".
Jésus ne vient pas expliquer ce mal. Il ne l'expliquera jamais, mais il donne deux pistes :
la première, c'est la conversion personnelle ;
face au mal que nous voyons, entendons percevons et faisons,
commençons par nous-mêmes, laissons-nous transformer par Jésus
(combat de tous les jours contre nos égoïsmes, nos orgueils,
nos replis sur nous, nos petits intérêts, nos vanités...)
la seconde : Jésus va combattre ce mal, il va même le prendre sur lui et le clouer sur la croix,
le mal semblera triompher de Jésus, mais Jésus, en acceptant d'aller jusqu'au fond de la mort,
sera vainqueur du mal et ressuscitera à la Vie. Le mal est vaincu, même si nous ne le "voyons pas".
De même, en combattant, autant qu'il nous est possible, le mal en nous et autour de nous,
nous nous unissons au combat de Jésus.
Une pause de fête en notre marche de Carême nous est offerte par saint Joseph
et il nous est bon de suivre cet homme juste, cet homme "obéissant",
c'est-à-dire "confiant" absolument en la Parole et aux gestes du Père.
Il ne sait pas quelle décision juste prendre après la découverte que Marie est enceinte,
"avant d'avoir habité ensemble".
Le Seigneur lui demande deux choses :
ne pas craindre de prendre Marie chez lui comme épouse,
en lui expliquant que l'enfant vient de l'Esprit,
et de donner lui-même le nom de Jésus à l'enfant que Marie va mettre au monde ;
c'est-à-dire que le Père donne à Joseph le pouvoir paternel vis-à-vis de Jésus.
Joseph s'acquittera admirablement de sa charge :
il sera pour Marie, celui sur lequel elle pourra s'appuyer en toutes circonstances,
celui qui lui assurera un foyer, une tendresse, une confiance absolue.
Quant à la seconde charge, il l'accomplira aussi admirablement vis-à-vis de Jésus.
La première image paternelle qu'aura Jésus, ce sera celle de cet homme, Joseph,
qui, pour lui, reflètera l'image de son Père des cieux.
Faisons donc comme Joseph : acceptons de "prendre chez nous Marie"
et laissons Joseph nous apprendre la confiance totale en Dieu

Dans la parabole des "vignerons homicides" est comme concentrée
l'histoire des relations de l'humanité avec son Dieu.
Dieu ne cesse de faire alliance avec l'homme et l'homme tout en répondant oui à Dieu
agit souvent comme en lui disant non.
L'histoire de ces relations culmine, justement avec l'envoi du Fils,
avec l'arrivée de Jésus en notre monde.
Un certain nombre de ses compatriotes ont accueilli Jésus,
mais, au fur et à mesure de ses trois années de prédication,
Jésus se heurte à l'hostilité croissante des autorités religieuses,
notamment les chefs des prêtres et les scribes.(les Pharisiens seront ajoutés au temps de la rédaction de Évangiles, quand la division entre chrétiens et Juifs sera effective)
Jésus, comprend progressivement que cette hostilité ira jusqu'à la mort pour lui.
Cette parabole éclaire aussi notre propre "histoire" spirituelle.
Une part de nous-mêmes est accueillante, ouverte à Dieu, à sa Parole, à ses valeurs.
Une autre part, plus obscure, regimbe, se rebelle, résiste, se replie sur le moins bon de nous.
Et le "bien que nous voulons faire, nous ne le faisons pas,
et le mal que nous ne voulons pas faire, nous l'accomplissons",
comme l'expérimente saint Paul.
Offrons au Père, par son Fils Jésus, notre être "divisé", confions-nous à sa miséricorde.